Kronis et Kyrieh - Chapitre 1 : Chronique d'une rencontre

Maître de Guilde Messages : 29 Date d'inscription : 25/04/2008 Age : 41

Kronis se trouvait au bord de la falaise, une légère brise faisait danser ses cheveux alors que son regard sans émotion était dirigé en contrebas. En dessous de lui, il y avait nombres de ses frères et sœurs Asura qui se disputaient un lopin de terre fertile qui pouvait largement contenter les deux groupes. Une vision absurde de ce que le monde allait devenir après la chute de la sorcière pensa t-il car sa mort n'avait amené que pauvreté et famine. Tout ce qui avait été épargné était alors devenu précieux, l'eau et le pain était devenu une valeur bien plus importante que l'or ou n'importe quel autres métaux précieux. Mais à coté de ça, des hommes et des femmes ont donnés leurs vies pour que ce monde continue d'exister et ne sombre pas dans l'oublies mais les survivants en était t-il digne ? Cette vision était devenue presque insupportable pour Kronis car elle remettait en question tout ce qui avait été fait jusque là.

Perché du haut de sa falaise, Kronis prit une grande respiration et détourna le regard de cette sordide représentation que lui avaient offerte quelques représentants de son peuple. Reculant de la falaise d'un pas félin, ne laissant pas même un murmure trahir sa présence. Le crépuscule se présentait alors face à lui lorsqu’il entreprit de redescendre le sentier sinueux qu'il avait emprunté pour se rendre jusqu'ici. Les cris et le bruit de l'entre choc des lames l'une contre l'autre fit place à un silence des plus troublants, donnant alors l'impression à Kronis d'être seul au monde. Ici la nature avait repris ses droits, seul le bruit du vent s'engouffrant dans les arbres parvenait à ses oreilles, aucune autre trace de vie n'était présente près de lui. Et ce lourd silence l'accompagna durant toute la traversée du sentier.

Finalement, la nature autour de lui se fit de plus en plus rare et lorsqu’il vit enfin le bout du sentir, il se trouva devant les ruines un petit village donc certaines ruines échappées encore quelques larmes de fumées. Les terres Asura avaient payées le prix fort pour s'être opposés à la sorcière... si fort qu'il était possible alors que ce soit certains enfants du pays qui, par folie ou désespoir auraient provoqués ceci. Avançant lentement vers les ruines, Kronis se demandait alors s'il restait quelque chose dans ce monde à sauver.

La demoiselle semait dans le vent quelques graines, celles-ci s'envolèrent emportées par la brise qui les emmèneraient peut être sur des terres fertiles.

" Il reste encore un peu d'espoir. "

Elle rabattit les quelques mèches qui dansaient devant ses yeux derrière son oreille pour ensuite emprunter le sentier qui la ramènerait à chez elle. Enfin dire cela était bien grand, car que restait-il de son village ? des cendres, des ruines, de la poussière....Kyrieh essayait de rester positive en se disant que les cadavres de ses proches nourriraient le sol et que l'endroit redeviendrait verdure ! les cendres fertiliseraient la terre et du lierre pousserait sur les murs encore debout. Une image assez romantique de nature prenant le dessus sur la civilisation, mais il n'en n'était rien. C'était juste le tableau de la vie luttait pour fleurir de nouveau.

Sans y faire attention, la dame trainait les pieds, hésitant à retourner dans cet endroit qui lui rappelait sa solitude et sa tristesse. Sentiments encore nouveau pour elle. Peu de temps s'était passé depuis la guerre. Six ans, qu'est-ce dans une vie où l'on peut atteindre un cinquième siècle ? Une goutte d'eau dans ruisseau certainement. La végétation commençait à dépérir sur le sentier, elle approchait de chez elle à petit pas. Elle eut un nœud à l'estomac, serrant doucement les dents en silence.

Finalement elle arriva chez elle, son village en ruine où tout le monde avait péri sauf elle, survivante. Il y a peu, des bandits étaient passés dans les ruines et avait mis le feu aux bois qui restaient pour y passer la nuit. Leurs petits feux de camp éparpillés dans le village fantômes fumaient encore. Kyrieh eut un léger soubresaut de colère, les gens n'avaient aucun respect. Marchant encore un peu, soulevant avec ses bottes métalliques des gerbes de poussières et de cendres, elle arriva quatre tombes, alignée et nettoyé. C'était de simple croix en pierre d'un mètre de haut. Une rose bleu jonchait le sol sur l'une des tombe. La jeune femme s'agenouilla, appuyant son avant bras sur son genou.

" Mon frère...si tu savais..."

Kyrieh entendit quelques bruits derrière elle, mais ne quitta pas sa position, restant là à contempler les restes d'Iscarte son frère aîné tout en restant attentive.

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Kronis se fixa lorsqu’il aperçut ce qui ressemblait à une sépulture, une croix, quatre tombes et une femme, certainement en train d’implorer les dieux de prendre soin de l’âme de ces personnes. Mais pourquoi ceux qui nous ont alors abandonnés, prendraient-il le temps d’écouter nos plaintes ou nos requêtes. Non vraiment, Kronis ne voyait pas l’intérêt de la prière à une époque comme celle-ci mais peut être que cette femme en était consciente et que finalement, il ne leur rend qu’un simple hommage. Honorer les morts… N’est ce pas …

L’Asura scruta autour de lui, cherchant alors quelque chose qui avait été épargné dans le village. Mais à part quelques ruines, il n’y avait qui puisse honorer les morts. La main de Kronis vint de placer sur sa poitrine, comme si elle était animée pas une volonté propre, se posant ainsi sur une sorte d’amulette qu’il avait autour du cou. Il n’avait aucune idée de son origine, ses souvenirs encore trop vague mais elle avait l’air d’être d’origine militaire. Peut être un héritage, un cadeau ou peut être cela lui appartenait vraiment. Mais c’était la seule chose de valeur qu’il semblait possédé à l’heure actuelle, la seule chose dont il aurait pu faire don. S’il s’en débarrassait, il n’aurait plus rien… mais s’il n’honore pas les morts, il sera devenu comme les pillards… Que devait-il faire ?

Kronis avança lentement vers les tombes, hottant l’amulette qu’il avait autour du cou. Il y posa une dernière fois les yeux avant de tirer une croix sur l’un des derniers symboles de son passé, qu’il posa ensuite sur la croix de pierre devant lui. Il recula ensuite de quelques pas, baisant ainsi le regard par respect mais aussi conscient du sacrifice qu’il avait fait. Son visage affichait un teint blême, ses pensées étaient tournées vers un avenir incertain mais il était resté fidèle à ses principes, c’était le maigre réconfort que lui avait apporté ce geste. Silencieux un moment devant les tombes, il esquissa un geste de recule, leur tournant alors lentement le dos…

Kyrieh l'avait entendu s'approcher, cependant elle n'avait pas bougé d'un pouce. Il passa à côté d'elle, cette homme dégageait une drôle d'odeur, ça ne sentait pas mauvais, c'était un parfum assez spécial. Parfois les gens portent l'odeur de leur terre sur eux, elle supposa que c'était cela. La demoiselle le regarda déposer un médaillon sur l'une des croix. Une offrande ? apparemment, il n'était donc pas l'un des bandits à avoir campé ici dernièrement. Surement un voyageur égaré passant par là et honorant les morts. Il resta quelques secondes debout et immobile comme elle, baissant les yeux il recula et se retourna pour repartir comme il était arrivé.

La jeune femme lui attrapa le poignet, elle même surprise de son acte. Ses doigts serraient avec douceur et descendit jusqu'à la main pour lentement la prendre. Ainsi Kyrieh le fit s'arrêter et ils restèrent là, silencieux et figés par ce contact soudain de leur deux mains gantées. La Asura finit par se lever péniblement, les membres engourdis d'être restés dans la même position aussi longtemps. Son regard fixait le profil de l'homme, Asura lui même visiblement. Il avait les cheveux d'un bleu très foncé, rappelant une nuit sombre sans étoile, des yeux de verre, une peau d'argent et son regard était perdu au loin. La dame fut presque amusée de voir qu'il portait le même type de vêtement qu'elle, une veste longue de la couleur de ses yeux, d'un cuir souple et résistant. Il devait surement exercé le même métier qu'elle cependant sa carrure lui disait qu'il avait beaucoup plus d'expérience.

L'homme tourna la tête vers elle, ses yeux fixant quelques instants les perles clairs qu'arborait Kyrieh.

" Quel est votre nom ? "

Elle sentit sa voix glacial, beaucoup plus qu'elle ne l'aurait imaginé, et son visage au trait statique s'adoucir légèrement, essayant de trahir son manque de sensibilité.

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Lorsque la jeune dame lui saisit la main, il sentit un léger frisson lui parcourir tout le bras, se glissant alors jusqu'à sa gorge remontant doucement comme pour atteindre son esprit. Bien qu’il fût éveillé, il fit la vision d’un rêve, quelques images d’un jeune garçon, saisissant la main d’une très belle femme dont il ne pouvait pas discerner le visage. Les images étaient floues mais croassement d’un corbeau non loin le ramena à la réalité. Kronis scruta les alentours lorsque son regard croisa celui de la jeune dame. Celle-ci s’était alors levée pour se mettre à sa hauteur, son regard était intense mais son expression reflété une certaine froideur comme si elle essayait de dresser un mur entre elle et la réalité. Dans la lancé, celle-ci lui demanda son nom, son visage se décontractant alors pour laisser apparaitre des traits presque juvéniles.

"Mon… Nom… ?"

Kronis descendit son regard le long de son bras, s’apercevant que la jeune dame lui tenait encore la main. Ce geste, même s’il semblait anodin à première vue, semait le trouble chez l’Asura. Il évoquait tellement de souvenir en lui dont il ne pouvait se rappeler que cela en devenait presque pénible. D’un geste très lent mais régulier, il dégagea sa main de l’étreinte de la jeune fille sans agressivité. Une sorte de soulagement l’envahit… mais également une sensation de vide ou de manque. Son regard se détourna alors pour venir fixer un point imaginaire au niveau du sol avant de le relever vers le ciel, profitant alors des premières étoiles naissantes dans la nuit.

"… Kronis… je m’appelle Kronis !"

Kronis… c’était peut être la seule certitude qu’il avait dans ce monde, ce nom qui lui avait été donné. Il l’entendait parfois résonner dans ses songes lorsque les images de sont passés émergés. Ce n’était pas une honte pour lui mais à chaque fois qu’il le prononçait, il avait un petit pincement au cœur, comme si celui-ci avait une signification particulière, comme si un lourd passé y était lié. Finalement, il se tourna vers la jeune Asura sans vraiment la regarder directement dans les yeux.

"Et… Le votre ?"

Kyrieh essayait de saisir le regard si fuyant de son interlocuteur qui disait s'appeler Kronis. Cependant elle doutait, cela avait été dit sans grande conviction.

" Aradia Kyrieh "

La Asura eut une drôle d'impression à l'évocation de son nom, bien trop de temps qu'on ne lui avait demandé de se présenter. Pour tout dire depuis six ans elle déambulait un peu partout dans les alentours pour toujours revenir au point de départ. Elle ne parlait pas ou peu et ne faisait que chasser les bandits et les montres. Comme si elle avait une laisse autour du cou, elle restait toujours à proximité du village, ne s'éloignant par trop.

" Que faite-vous ici ? "

Kyrieh détourna elle même les yeux, laissant son regard se balader sur la place où ils se trouvaient.

" A part les bandits, personnes ne vient ici."

Elle fit un pas en arrière et se tourna vers les tombes, observant le médaillon que Kronis avait posé. Une offrande sans doute, elle s'étonna de voir que le petit bout de métal n'était autre qu'une plaque militaire. C'était plutôt rare que les officiers se séparent de ce genre de chose, la jeune fille se demanda vaguement si il n'était pas un déserteur de la guerre. Malgré la curiosité elle se tût, cela ne la regardait pas. Du revers de la main elle balaya la cendre qui se déposait perpétuellement sur la pierre, soulevé par les moindres brises. Kyrieh le fit pour chaque tombe et déposa quelques offrandes de viande et d'argent sur le sol. Même si c'était sa défunte famille, elle se devait également de les honorer.

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Kronis regarda la jeune dame effectuer ses diverses offrandes sur les quatre tombes de pierre. Ce n’était alors là que de la curiosité et aussi peut être le fait que certaines valeurs n’avaient pas réellement disparues. Rassurant dans un sens mais aussi douloureux car ce genre d’épreuve éprouve le cœur des gens. La vengeance appelle toujours la vengeance…

« Je ne suis pas un bandit… enfin, je ne crois pas… »

Les derniers rayons de soleil disparaissaient à l’horizon tandis que dans le ciel, semblait naitre de plus en plus d’étoile. Le monde venait de succomber aux ténèbres, attirant alors toutes sortes de prédateurs à découvert. D’ailleurs, les premiers hurlements se faisaient déjà entendre… les non-morts, réclamaient leur subsistance.

En posant le regard sur les tombes, Kronis savait que tous, même dans la mort n’avaient pas eu droit au repos éternel auquel nous tous ici, aspirons un jour. Au lieu de cela, ils avaient été condamnés à errer dans but à la surface du monde, précipitant celui-ci vers sa fin en dévorant le peu de survivant qu’il reste. Il y a bien pire que la mort… il y a la damnation…

A ce moment, Kronis se sentit nauséeux mais pas à cause de la légère odeur de chair morte et décomposé qui flottée dans l’air. Pour lui le simple fait d’errer sans but et de détruire tout ce pourquoi des milliers de vies avaient été sacrifiés… Il ne trouvait pas de mots pour décrire se sentiment. Il ressentait juste de la peine et de la pitié mais que pouvait-il faire de plus à part soulager les souffrances de ces êtres sans âmes et sans consciences ?

« Les Damnées… ils arrivent ! Le village n’est plus sure… il n’est plus rien ! Tes chaines, libère t’en ! Le passé ne doit pas être un poids qui nous retient, c’est une brise qui nous pousse vers le destin. »

Kyrieh sentit l'air devenir lourd et nauséeuse, elle recula d'un pas et regarda Kronis.

" Vous ne comprenez pas... ces cendres, ces ruines et cette vie, c'est tout ce qui me reste. Et vous voulez que je m'en sépare ? "

Elle savait pourtant qu'elle risquait de mourir en restant ici, son village n'était plus rien désormais, juste un endroit où les damnées passent lors de leur réveil nocturne. La jeune femme regarda les tombes et le jeune asura, elle fit cela plusieurs fois, hésitante à partir de cette endroit.

" Si je pars...quel endroit aurais-je à honorer ? je n'emporterai avec moi que l'odeur de mes terres et leur souvenir à jamais perdu. "

Kyrieh pivota sur elle même pour lui faire face.

" Je sais très bien que désormais quand je me réveillerai la seule chose que je trouverai sera une lignée de tombe. Un cimetière tout entier, mais en partant je me réveillerai sans rien ! et ce sera pire. "

Elle se mordit la lèvre inférieur regardant de nouveau les tombes. Le souvenir de son frère aîné Iscarte, de ses parents et même de son petit frère qu'elle avait toujours peu connu, est-ce que tout cela disparaîtrait vraiment ?

" Je ne veux pas partir ...sans avoir la promesse de ne plus être seule. "

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L’odeur se faisait de plus en plus force à fur et à mesure que les minutes passées. La jeune dame avait des difficultés à de détacher de ce lieu car tout ce qui restait de ses proches y était enterré. Kronis n’avait que peur de souvenirs et la plupart n’étaient que des incertitudes, des songes furtifs. Il ne pouvait peut être pas imaginé pleinement le genre de sentiments que cette fille pouvait ressentir mais sa peine était apparente. La guerre avait fait beaucoup d’orphelin, trop peut être…

« Je crois… que nous honorons les morts en essayant de survivre… et en trouvant notre voie. Les pleures et les larmes sont nobles mais elles n’apportent rien d’autre. Il serait dommage de mourir comme ceci, je ne pense pas que c’est ce qu’ils auraient voulu. »

Kronis jeta un coup d’œil aux tombes devant lui. Certes il ne pouvait pas lire les penser des gens, encore moins celles des morts mais généralement, les parents ne veulent que le bien de leurs enfants. Kronis leva son doigt pour pointer le front de la jeune fille et sa poitrine.

« Ils restent présent… ici et là, le reste n’est pas important ! Le fait d’avoir une pensée pour quelqu’un peut être un grand réconfort pour cette personne… »

Kronis pivota d’un pas et tourna le dos à la jeune Asura, non pas qu’il voulait l’abandonner mais il voulait plutôt la presser de partir.

« Dans ce monde, il n’y a pas certitude… mis à part celle de la mort. Si vous restez ici, vous allez mourir… »

Il tourna sa tête par-dessus son épaule, fixant maladroitement la jeune dame Asura. Son regard était transparent et presque inexpressif mais les mots qu’il employait faisaient penser le contraire.

« Vous n’êtes pas seul… je suis là… »

"Vous êtes...Là ? "

L'odeur devenait insupportable et derrière Kronis elle pouvait déjà voir des ombres torturés avancer péniblement. Une fois de plus elle saisit le poignet de l'asura, cette fois-ci avec un peu plus de vigueur et sans ménagement. Kyrieh courut, aussi vite qu'elle put, entrainant avec elle cet homme en qui elle voyait plein de promesses. Passant par les chemins qu'elle connaissait si bien depuis son enfance, ils sortirent tout deux du village et s'arrêtèrent seulement quand l'odeur de chair putréfié devint de nouveau soutenable.

Essoufflée, elle ne prit pas garde le lâcher même lorsqu'ils furent en "sécurité", elle gardait cette parcelle de corps entre ses doigts crispées comme si sa vie en importait. Sa poitrine s'agitant encore, elle resta là quelques minutes à reprendre sa respiration et un rythme cardiaque normal. Kyrieh se redressa, regardant autour d'elle, il n'y avait que lui et la nuit, le village paraissait bien loin.

" Vous avez dit que vous étiez là...que vous êtes là... mais c'est assez cocasse. Nous ne nous connaissons pas encore, je suis les conseils d'un inconnu. "

La jeune femme rit légèrement, se trouvant elle même idiote.

" Si vous êtes vraiment là... Kronis...vous devrez acceptez de me donner votre âme, en échange de la mienne. "

Ses petites perles se levèrent, malicieuses, scrutant les yeux de verres de l'homme asura.

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Une petite course les mena dans un endroit d’une relative sécurité. Visiblement la jeune dame Asura semblait bien connaitre les environs. Finalement, il s’arrêtèrent pour reprendre leur souffle tout les deux, la petite ballade nocturne n’avait pas été de tout repos. L’odeur de chair mort et décomposé n’était plus aussi présente dans l’air et les cris de famine des créatures se turent pour ne laisser place qu’au silence. Kronis baissa les yeux vers son poignet que la jeune dame n’avait pas encore lâché. La dernière fois qu’on l’avait tenu ainsi, c’était lors d’un combat au corps-à-corps mais il était certain qu’il n’était pas question du même contexte ici.

La jeune dame Asura s’adressa à lui, elle semblait être assez surprise d’avoir écouté les mots que Kronis avait prononcé et de les prendre en considération. Il fallait dire que celui-ci n’était pas un sage et qu’il ne se ventait pas de détenir les vérités absolues de ce monde. Kronis avait juste… des sentiments sur certains aspects de la vie et de la mort, on parlera plutôt d’expérience, provenant certainement de son passé. Pourtant, ce sont les dernières paroles de celle-ci qui réussirent à mettre Kronis mal à l’aise : elle demandait son âme en échange de la sienne. Le cœur de celui-ci se sera dans sa poitrine et son visage devint blême. L’asura fit quelques pas en arrière, se dégageant ainsi de l’étreinte de sa main.

« Mon… âme… ? »

Kronis agrippa d’une main la tunique qu’il avait au niveau de sa poitrine pour la serrer dans ses doigts. Sans son âme, il ne vaudrait pas mieux que ces créatures qui errent sans autre but que de dévorer les vivants, de détruire la vie ! La jeune fille ne lui renvoyait que de la malice à travers son regard. Peut être que la jeune dame trouvait cette proposition amusante mais elle n’était pas du tout au gout de Kronis.

" Votre âme, exact. "

Elle croisa les bras, droite de toute sa hauteur.

" N'allez pas penser de vilaine chose, je ne vous demande pas de devenir un damnée ou quelques choses tout aussi pitoyable. "

Son regard sérieux et froid traversa Kronis, voyant presque les plus infimes parties de lui même, voyant peut être même son esprit, son âme. Kyrieh s'avança d'un pas, ses doigts glissèrent sur son col qu'elle empoigna avec une certaine douceur.

" Je vous demande juste de me donner votre âme, je ne vais pas la manger, je n'ai pas ce genre de goût. Je veux juste l'avoir, elle remplacera la mienne, celle que je vais vous donner. "

Elle ne clignait pas des yeux, son regard était imprégné de détermination et aussi de malice. La asura n'avait aucun intérêt à le tuer, et puis elle savait pertinemment qu'elle ne pourrait pas. Elle pouvait cependant le charmer, conclure un contrat avec cette homme qui l'avait sorti d'un passé douloureux. Kyrieh se sentait un peu libre de tout, mais sans raison d'être, désormais elle en voulait une.

" Donnez moi une raison de vivre, d'exister en dehors de ce passé. Je n'ai que faire d'un avenir flou ! votre âme, si je l'ai, j'aurai alors un devoir, une mission ! celle de la protéger. Je ne serai d'autant plus, plus seule, et vous non plus. "

L'avait-elle deviner ? l'avait-elle vu ? cette solitude au fond des yeux de Kronis.

Maître de Guilde Messages : 29 Date d'inscription : 25/04/2008 Age : 41

Une petite brise vint caresser la chevelure de Kronis, faisant ainsi danser quelques unes de ses mèches devant ses yeux rivés sur la jeune Asura. Son expression signifiait l’étonnement le plus total car cette proposition, il en avait trouvé le sens. Ses yeux se plissèrent légèrement et ses traits s’adoucirent lorsque celui-ci saisit doucement la jeune dame au niveau des épaules.

« Je… n’avais pas compris… »

Son regard était brillant et vraiment très doux. On pouvait y lire beaucoup de compassion et de la peine… des sentiments d’une autre époque qui ne pensait pas lui-même posséder. C’était comme si il ressentait les sentiments de la jeune Asura et qu’ils ressortaient à travers lui. Il attira la jeune dame contre lui, sans aucune intention mauvaise mais tout comme il avait fait une offrande aux morts, il se devait d’en faire une aux vivants.

« Cette douleur… Elle fait mal n’est ce pas ! Il n’y a pas de coups… ni de sang… mais ta poitrine brule lorsque ton cœur se serre… »

Honorer les morts était une tâche noble mais prendre soin des vivants l’était encore plus. Cette jeune fille qui avait tout perdue était un peu comme lui, elle cherchait juste sa voie, une raison d’être. Si elle lui avait demandé de mettre fin à ses souffrance, Kronis l’aurait fait quitter ce monde sans plus de souffrances que nécessaire. Mais celle-ci ne lui demandait que son âme… non pas pour s’en repaitre mais simplement pour posséder quelque chose et avoir une pensée pour quelqu’un.

« …Si tu la veux… elle est à toi… »

Kyrieh posa sa tête contre le torse de Kronis, les yeux fermés et l'air satisfait de la réponse de l'Asura.

" Merci "

Elle pria, elle pria son Dieu, le Dieu qui avait crée les Asuras, elle resta à prier, lui suppliant d'exaucer son souhait. Elle resta à prier jusqu'à ce qu'une sensation glacer la traverse, un vide profond et silencieux, ensuite la chaleur, une chaleur douce et étrangère à elle même. Une âme qui n'était la sienne. C'était une drôle de sensation, un vertige profond rapidement remplacer par une étreinte chaleureuse. Quelques instants où son cœur ne battit plus pour reprendre de plus belle. Malicieuse, la dame releva le nez vers ce qui était désormais sa "moitié".

" Ne trouvez-vous pas que c'est une preuve que les Dieux existent ? tout du moins celui de notre race. "

Sa main descendit du col jusqu'à la poitrine et se posa au centre.

" Ressentez-vous ces palpitations ? non ce n'est pas seulement votre cœur nourrissant votre vie, il y a également mon âme qui frétille au plus profond de votre enveloppe charnel. Quelque chose que je ressens également en moi. "

Kyrieh soupira en souriant, reculant d'un pas pour observer Kronis de toute sa hauteur.

" Il me semble que je peux vous tutoyer maintenant, d'ailleurs vous le faite déjà. "

La asura rit légèrement, amusée de plus belle.

Maître de Guilde Messages : 29 Date d'inscription : 25/04/2008 Age : 41

Kronis se mit à ressentir une sorte de vide en lui, comme s’il lui manquait quelque chose d’important. Mais il avait aussi une impression qu’une chose venait de s’introduire au plus profond de lui, quelque chose qui ne lui appartenait pas. La sensation n’était pas désagréable mais plutôt déconcertante… une sorte de chaleur qui se rependait dans l’ensemble de son torse. Finalement, la jeune Asura avait retrouvé le sourire alors que Kronis lui, retrouva son calme inexpressif. L’Asura se tenait devant lui et se mit à le scruter des pieds à la tête, celle-ci semblait amusée par la situation. Quand à Kronis, il la trouvait presque un peu plus intolérable car si les deux peuvent autoriser un… échange d’âme… alors pourquoi ne montrent t’ils pas un signe pour indiquer à leurs enfants le chemin à suivre ? Celui-ci baissa son regard vide vers le sol et serra le poing de toute ses force, le relâchant dans un léger soupire. Alors qu’il releva la tête vers la jeune Dame Asura, le doux Kronis laissa de nouveau place à un Asura qui n’était plus que l’ombre de lui-même.

« … Si vous voulez… »

Posant sa main sur son torse, Kronis scruta autour de lui, le chemin qu’il pourrait emprunter pour continuer sa route… ou plutôt leur route. En effet, il avait l’impression étrange, de par cet échange, que son destin et celui de cette jeune fille était à présent liés. Kronis se tourna en direction d’un petit sentier, faisant alors quelques pas dans sa direction avant de se fixer. Tournant doucement la tête pour jeter un regard vers la jeune Dame Asura par-dessus son épaule, il l’interpela.

« Je dois y aller !… vous venez… Kyrieh ? »

La dame leva le nez et eut un sourire, le suivre ? ou rester dans cet endroit ? elle n'avait plus d'attache, cet homme lui avait fait quitter ses souvenirs pour la lancer dans une nouvelle vie ! un sentier dont elle ne connaissait pas la direction ni le terminus se dessinait devant elle, dans la pénombre qui s'illuminait un peu par la lune.

" Je... "

Un instant angoissée, Kyrieh resta muette et immobile. La peur de se qui l'attendait avait saisi ses membres douloureusement et elle sentait son estomac se nouer. Dans quel histoire s'était-elle encore embarqué à cause de son caractère tellement...tellement...tordu ? La asura ravala sa salive péniblement et posa ses yeux sur Kronis qui attendait sa réponse. Son regard l'enveloppa tel une couverture chaude, elle pouvait entendre les palpitations de son cœur qui désormais était accordé au sien. Ce son l'apaisa et elle soupira.

" Oui , je viens. "

Kyrieh lui prit la main avec douceur, et tout deux avancèrent dans la nuit. Sans but, sans envie, et peut être sans destinée précise ? cependant leur chemin s'étaient croisé en cet lune, leur âme s'étaient lié et ainsi leur futur s'étaient unis. C'était la seul certitude que la jeune femme avait.

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